Samedi dernier, quand j'étais au stade du Manoir, j'ai entendu des spectateurs, derrière moi, qui discutaient de chants de supporters. Un montpellierain expliquait à un visiteur que le MHR n'avait pas vraiment d'hymne et que le fameux "Ici, ici, c'est Montpellier", que l'on entend depuis la phase finale du dernier championnat, n'était attaché à aucune chanson. Il ne connaissait visiblement pas le morceau de Ricoune dont ce slogan est le refrain et qui se veut être notre chant de supporters. Il est vrai qu'il vaut mieux l'effacer de sa mémoire tant il est mauvais.
Du coup, comme je vous inonde d'article sur le rugby ces derniers temps et que j'en oublie un peu la musique, je me suis dit que je pourrais pondre un petit billet qui mixerait les deux principaux sujets de ce blog. Je me suis donc intéressé à une chanson qui a été adaptée comme chant de supporters de rugby, le plus connu d'entre-eux et le plus beau, le fameux Peña Baiona de l'Aviron Bayonnais.
Sa musique est bien connue des festayres du Sud-Ouest car elle est une des plus jouées par les bandas dans toutes les fêtes du Pays Basque et Landais, ainsi qu'aux célèbres fêtes de Pampelune.
Les supporters du club de rugby de Bayonne ont imaginé des paroles spécifiques qui exaltent l'amour pour leur équipe, créant ainsi l'hymne le plus réputé du Top 14, la Peña Baiona (nom du club des supporters de Bayonne). Écouter les 13 à 15.000 supporters de l’Aviron chanter cet hymne au stade Jean-Dauger est parait-il une expérience inoubliable. Je veux bien le croire quand je vois ces images :
Ce chant est tellement sympa qu'il a été repris par les supporters de l'équipe de France de rugby lors de la Coupe du Monde 2007.
Alors, quel est l'origine de cette belle mélodie ? Plusieurs versions circulent sur le Web : vieux chant traditionnel portugais pour les uns, marche funèbre (portugaise également) pour d’autres... On dit même que ce serait l'hymne d'un village portugais que des touristes allemands ou autrichiens auraient apprécié lors de vacances dans la péninsule ibérique et auraient ramené dans leur pays. Il semblerait que tout cela soit de l'ordre du fantasme.
Quoiqu'il en soit, c'est bien en Autriche que la véritable histoire débute en 1974. Griechischer Wein est le titre d'un schlager autrichien, genre de musique populaire des années 1970 en Autriche et en Allemagne, encore très souvent diffusée aujourd'hui dans les pays germanophones. C'est le chanteur et compositeur autrichien Udo Jürgens (photo ci-contre), le vainqueur du concours Eurovision 1966, qui composa cet mélodie et Michael Kunze, poète allemand, qui écrivit le texte. Cette chanson constitue un hommage aux immigrés grecs. Griechischer Wein (Vin grec) évoque ces travailleurs étrangers, loin de leur pays, qui se retrouvent le soir autour d’un verre de vin et rêvent à leur pays.
Le succès fut immédiat, non seulement dans les pays germanophones, où Udo Jürgens était une immense star, mais également en Grèce où la chanson devint quasiment une mélodie populaire sous le titre Phile kerna krassi. Le compositeur et son parolier furent même officiellement invités par le Premier Ministre grec, Kostas Karamanlis.
Vous allez constaté que l'orchestration originale est nettement plus hellénique que portugaise ou hispanique.
C'est par l'Espagne que cette mélodie a atterri au Pays Basque. En effet, la chanson autrichienne a été traduite dans de nombreuses langues et la version espagnole, Vino Griego, interprétée en 1976 par José Vélez, chanteur originaire des Iles Canaries, a eu un succès important en Espagne et dans le Sud-Ouest de la France.
Je n'ai pas réussi à trouver en quelle année cette mélodie autrichienne, ayant transité par l'Espagne, popularisée dans les Fêtes du Sud-Ouest, est devenue l'hymne officiel de l'Aviron Bayonnais. Mais avouez que le destin de cette chanson populaire autrichienne des 70's est bien improbable.
Histoire de boucler une hypothétique boucle, la version portugaise de Paulo Alexandre, sous le nom de Verde vinho (Vin vert), a connu un grand succès au Portugal et au Brésil à partir de 1980.
Griechischer Wein a même été reprise aux Etats-Unis, d'abord par Bing Crosby, puis par Al Martino, qui firent de Come share the wine un succès.
Je suis amateur de rugby, de vin, et je suis d'origine grecque. Je ne pouvais donc être insensible à cette belle chanson.
Histoire de terminer en beauté, je vous propose une vidéo des Fêtes de Bayonne, une interprétation collective plutôt prenante :
Du coup, comme je vous inonde d'article sur le rugby ces derniers temps et que j'en oublie un peu la musique, je me suis dit que je pourrais pondre un petit billet qui mixerait les deux principaux sujets de ce blog. Je me suis donc intéressé à une chanson qui a été adaptée comme chant de supporters de rugby, le plus connu d'entre-eux et le plus beau, le fameux Peña Baiona de l'Aviron Bayonnais.
Sa musique est bien connue des festayres du Sud-Ouest car elle est une des plus jouées par les bandas dans toutes les fêtes du Pays Basque et Landais, ainsi qu'aux célèbres fêtes de Pampelune.
Les supporters du club de rugby de Bayonne ont imaginé des paroles spécifiques qui exaltent l'amour pour leur équipe, créant ainsi l'hymne le plus réputé du Top 14, la Peña Baiona (nom du club des supporters de Bayonne). Écouter les 13 à 15.000 supporters de l’Aviron chanter cet hymne au stade Jean-Dauger est parait-il une expérience inoubliable. Je veux bien le croire quand je vois ces images :
Ce chant est tellement sympa qu'il a été repris par les supporters de l'équipe de France de rugby lors de la Coupe du Monde 2007.
Alors, quel est l'origine de cette belle mélodie ? Plusieurs versions circulent sur le Web : vieux chant traditionnel portugais pour les uns, marche funèbre (portugaise également) pour d’autres... On dit même que ce serait l'hymne d'un village portugais que des touristes allemands ou autrichiens auraient apprécié lors de vacances dans la péninsule ibérique et auraient ramené dans leur pays. Il semblerait que tout cela soit de l'ordre du fantasme.
Quoiqu'il en soit, c'est bien en Autriche que la véritable histoire débute en 1974. Griechischer Wein est le titre d'un schlager autrichien, genre de musique populaire des années 1970 en Autriche et en Allemagne, encore très souvent diffusée aujourd'hui dans les pays germanophones. C'est le chanteur et compositeur autrichien Udo Jürgens (photo ci-contre), le vainqueur du concours Eurovision 1966, qui composa cet mélodie et Michael Kunze, poète allemand, qui écrivit le texte. Cette chanson constitue un hommage aux immigrés grecs. Griechischer Wein (Vin grec) évoque ces travailleurs étrangers, loin de leur pays, qui se retrouvent le soir autour d’un verre de vin et rêvent à leur pays.
Le succès fut immédiat, non seulement dans les pays germanophones, où Udo Jürgens était une immense star, mais également en Grèce où la chanson devint quasiment une mélodie populaire sous le titre Phile kerna krassi. Le compositeur et son parolier furent même officiellement invités par le Premier Ministre grec, Kostas Karamanlis.
Vous allez constaté que l'orchestration originale est nettement plus hellénique que portugaise ou hispanique.
C'est par l'Espagne que cette mélodie a atterri au Pays Basque. En effet, la chanson autrichienne a été traduite dans de nombreuses langues et la version espagnole, Vino Griego, interprétée en 1976 par José Vélez, chanteur originaire des Iles Canaries, a eu un succès important en Espagne et dans le Sud-Ouest de la France.
Je n'ai pas réussi à trouver en quelle année cette mélodie autrichienne, ayant transité par l'Espagne, popularisée dans les Fêtes du Sud-Ouest, est devenue l'hymne officiel de l'Aviron Bayonnais. Mais avouez que le destin de cette chanson populaire autrichienne des 70's est bien improbable.
Histoire de boucler une hypothétique boucle, la version portugaise de Paulo Alexandre, sous le nom de Verde vinho (Vin vert), a connu un grand succès au Portugal et au Brésil à partir de 1980.
Griechischer Wein a même été reprise aux Etats-Unis, d'abord par Bing Crosby, puis par Al Martino, qui firent de Come share the wine un succès.
Je suis amateur de rugby, de vin, et je suis d'origine grecque. Je ne pouvais donc être insensible à cette belle chanson.
Histoire de terminer en beauté, je vous propose une vidéo des Fêtes de Bayonne, une interprétation collective plutôt prenante :