jeudi 20 mai 2010

Concierto de Aranjuez... Olè !!!

J'ai conclu mon précédent article sur le Concerto d'Aranjuez (Concierto de Aranjuez en Castillan). Et bien, je vais en faire le sujet de celui-ci car je kiffe vraiment cette œuvre et notamment sur son deuxième mouvement, le plus célèbre et le plus beau.

Ce concerto pour guitare et orchestre a été composé par le musicien espagnol Joaquin Rodrigo en 1939 à la demande du Marquis de Bolarque, grand amateur de musique rencontré à San Sebastian. Il a réalisé ce chef d'œuvre à Paris, lors de la dernière année d'un long séjour dans notre capitale.

Le Concerto d’Aranjuez tient son nom de la fameuse résidence royale se trouvant à 50 km de Madrid (photo ci-dessous). En la situant en ce lieu, Rodrigo a voulu lui imprimer une époque : la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, à la Cour de Charles IV et de Ferdinand VII. C’est une Espagne intérieure, éternelle, heureuse, fantasmée, pas celle de Franco. Cette "vision intérieure" est bien celle de Joaquín Rodrigo, frappé de cécité depuis l’âge de trois ans.

Bien que pianiste, Rodrigo avait totalement compris et assimilé l'esprit de la guitare espagnole, comme allait le prouver le succès de son concerto.

Le 2ième mouvement en Si mineur est de loin le plus connu du concerto. Il s'agit d'un adagio très émouvant. La mélodie, jouée au cor anglais, et soutenue par guitare et cordes, est une réminiscence de la Saeta, chant plaintif de la procession annuelle de la Semaine Sainte en Andalousie.

La première mondiale du "Concierto de Aranjuez" a été donnée le 9 novembre 1940, dans le Palais de la Musique catalane à Barcelone, par l'orchestre philharmonique de Barcelone dirigé par César Mendoza Lasalle, et avec Regino Sainz de la Maza, guitariste classique comme soliste.
Le Concerto d'Aranjuez et une des œuvres classiques les plus jouées et les plus vendues. Ce best-seller planétaire a été repris plus de 70 fois rien que par des guitaristes classiques. Elle compte de grands noms à son palmarès, Narciso Yepes, dont je vous ai proposé l'interprétation dans mon article précédent, mais aussi John Williams, Pepe Romero, Alexandre Lagoya ou encore le grand Paco de Lucia :



Ce qui est intéressant, c'est que de nombreux artistes "modernes" ont adapté ce deuxième mouvement pour en faire des chansons ou des morceaux à part entière, tout en gardant cette magnifique mélodie qui fit le succès du concerto.

On peut classer ces adaptations en plusieurs catégories.

Je vous parlerai tout d'abord des adaptations Jazz.
La plus connue est celle de l'immense Miles Davis pour son album Sketches of Spain en 1960. Prenant le folklore espagnol comme source principale d'inspiration, cet album laisse peu de place aux improvisations, ce qui valut à Miles Davis les critiques des puristes du Jazz. Des reproches auxquels le trompettiste américain rétorqua : "It's music, and I like it". Tu m'étonnes....



Dans le registre Jazz, j'aime aussi beaucoup l'adaptation du pianiste Chick Corea, artiste d'ailleurs découvert par Miles Davis. Le deuxième mouvement du Concerto d'Aranjuez constitue l'introduction de son morceau intitulé Spain, en 1971.
Cette prestation au Montreux Jazz Festival est tout simplement superbe (intro de 3 minutes, excusez du peu !) :



Après la catégorie Jazz, il y a la catégorie "variété". Elle consiste à prendre le thème d'Aranjuez et à coller des paroles dessus afin d'en faire une chanson, avec plus ou moins de réussite.
D'abord, la variété française... et cela commence en 1967 avec Richard Anthony et son Aranjuez mon Amour :



Pas trop mal... J'adhère beaucoup moins à Mon Pays, c'est la Terre, d'Hélène Ségara. Il faut dire que je n'adhère à rien d'Hélène Ségara :



En revanche, la chanteuse libanaise Fairuz en a fait une chanson émouvante, non sur son pays mais sur sa ville, Beyrouth. Elle s'intitule Li Beirut :



Enfin, je terminerai cette catégorie par un artiste grec, l'imposant Demis Roussos qui a plaqué des paroles anglaises sur la musique du concerto pour un résultat, comment dire... à la Demis. Voici Follow Me ; attention, ça déménage :



Le morceau de Demis a été repris, avec bonheur, en 2004, par un compositeur japonais, Kenji Kawai, (interprétation de la chanteuse de Jazz japonaise, Kimiko Itoh), pour le superbe film d'animation Innocence : Ghost in the Shell 2. Ce film, du talentueux Mamoru Oshii, a une B.O. superbe, comme tous ses films et comme la plupart des bons films japonais.



L'ultime catégorie des adaptations du Concerto d'Aranjuez est celle des guitares électriques. Je vous propose les trois plus connues. La première et celle du Français Jean-Pierre Danel. Je ne la trouve pas très intéressante dans le sens où le guitariste n'apporte pas grand chose à la version originale. Il se contente de la reprendre avec un instrument électrique :



L'adaptation de Buckethead est beaucoup plus intéressante. Musicalement, l'artiste s'approprie vraiment le morceau. La toune constitue un hommage à la fois au concerto de Joaquin Rodrigo et à l'adaptation Miles Davis puisqu'elle s'intitule Sketches of Spain (for Miles) :



J'ai gardé le meilleur pour la fin mais je ne suis pas très objectif puisqu'il s'agit de mon guitariste préféré, le fabuleux Carlos Santana. Il a adapté le concerto pour son morceau En Aranjuez Con Tu Amor, présent sur l'album Santana Brothers, sorti en 1994 et réalisé avec son frère Jorge et un de ses neveux. J'aime beaucoup la petite rythmique reggae, très bien dosée, qui accompagne la guitare du Maître :



Trop fort ce Carlos !!!
Et dire qu'il passe au Festival d'Eté de Québec, le 13 juillet sur les Plaines d'Abraham, le même jour qu'un autre de mes guitaristes préférés, le trifluvien Steve Hill... et que je serai rentré en France depuis 4 jours... dommage.

En plus, sa seule date en France est à Dijon, le 10 octobre. Dijon, quelle drôle d'idée !!!
Alors que Montpellier va bientôt inaugurer une des plus belles salles de France, l'Arena.

Viens à Montpellier Carlos !!!

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